Edito
Certains musiciens quittent un jour les sentiers trop balisés, et décident de s’enfoncer dans la jungle hostile pour défricher leur propre chemin. Certains d’entre eux vont tellement loin dans la recherche et l’expérimentation qu’ils passent même pour de vrais illuminés auprès de leurs pairs. C’est le cas de notre invité de ce mois-ci, mister Terry Bozzio, qui, pour beaucoup d’entre nous, tient plus du phénomène de foire qu’autre chose. Difficile d’imaginer un batteur plus atypique que lui. Dans l’univers de ce savant fou, la batterie se veut symphonique, contrepointique, et la ligne de démarcation entre rythme et mélodie devient quasiment indiscernable. Son laboratoire prend la forme d’un kit monstrueux, à la démesure de son immense talent. Derrière cet agrégat de toms, tous accordés sur des notes précises, et cette forêt de cymbales chinoises, il tente de redéfinir la fonction même du batteur, dans la musique, mais aussi dans la société. Cette démarche artistique, il l’a probablement hérité de Frank Zappa, le compositeur/rockeur dadaïste qui fut jadis son mentor, son père de musique, celui qui lui a apprit à maîtriser les règles du jeu pour ensuite mieux les détruire. Terry Bozzio est de la trempe des grands hommes qui ont le courage de faire évoluer l’art et les mentalités, et c’est pour cette raison que Batterie Magazine lui consacre sa couverture pour la seconde fois. Big up
et respect !
La rédac'
Numéro 74
5,90€