Edito
JAMAIS TROP TARD POUR BRILLER
Parmi les groupes de légende, de nombreux musiciens ayant joué un rôle déterminant se retrouvent souvent bannis des biographies. Il y a ceux qui se sont fait virer au mauvais moment à l’image de Pete Best, qui fut limogé des Beatles à l’aube de leur entrée au panthéon de la musique. Et il y a ceux qui ont littéralement manqué de flair en choisissant de ne pas poursuivre l’aventure, passant ainsi à côté de la gloire et du succès. Les exemples sont nombreux et certains ne s’en sont jamais remis : John Kiffmeyer (Green Day), Doug Sampson (Iron Maiden), Scott Raynor (Blink-182), Dan Mitchell (ZZ Top), Tony Chapman (Rolling Stones) ou encore les trois premiers batteurs de Genesis : Chris Stewart, John Silver et John Mayhew...
Tony Currenti fait partie de ceux-là. Batteur italien installé à Sydney, il participe en tant que sideman à l’enregistrement du tout premier album d’AC/DC (High Voltage, 1975). En studio, la sauce prend rapidement et les frères Young lui proposent immédiatement d’intégrer le groupe. Tony refusera à deux reprises et décline au passage la perspective d’une tournée en Europe, ne se doutant pas un seul instant du destin de ce futur monument du hard rock. Tony poursuivra sa carrière de batteur quelques années, avant de raccrocher les gants et d’enfiler le tablier. Il devient en effet pizzaïolo et range son kit au placard. Tony n’a jamais oublié ce rendez-vous manqué et lorsqu’il cède son restaurant en 2020, il répond à l’appel de plusieurs tribute bands d’AC/DC qui lui proposent de repartir sur les routes. Il s’offre ainsi une retraite musicale amplement méritée et prend un pied monstre sur scène. Nous avons recueilli le témoignage de Tony qui, après 40 ans loin du feu des projecteurs, a eu le courage de réapprendre à jouer de son instrument.
Ce numéro est dédié à toutes celles et ceux qui ont osé empoigner des baguettes à un moment de la vie où l’on est censé « avoir d’autres priorités » (selon les dires de certains). Toutes celles et ceux qui ont réussi à ignorer cette petite voix qui nous dit qu’il est « trop tard pour commencer à jouer d’un instrument passé un certain âge. »
Peu importe le bagage, le nombre de printemps ou votre « talent », osez ! Si l’envie, la passion et le plaisir sont là, vous avez toutes les armes !
Sébastien Benoits
Numéro 216
7,90€