Edito

L’ÉQUILIBRE PARFAIT

Quand il s’installe derrière son kit minimaliste pour composer, Nate Smith s’impose le défi suivant : « Développer un groove qui suscite la curiosité et l’interpréter de façon à créer une réaction dans le public... » En d’autres termes : trouver cet équilibre entre originalité et efficacité que nous visons tous. On peut dire que l’Américain de 49 ans excelle dans cette discipline. La preuve avec la viralité de ses grooves sur les réseaux dont l’ADN est constitué d’un savant mélange de pulse funk, de subtilités jazz (bonjour les ghost notes) et de beatmaking (pour le jeu de charley tranchant). Si le batteur a su se servir de son « influence » en ligne pour négocier de juteux contrats d’endorsement (c’est malheureusement devenu le nerf de la guerre pour obtenir de bons deals), il n’en oublie pas pour autant sa motivation première qui est de faire danser son public en live : « Beaucoup de gens visionnent, commentent et partagent mes vidéos, mais ils ne vont pas pour autant prendre la peine d’acheter un billet de concert, trouver une baby-sitter et prendre leur voiture pour se rendre à la salle... » Lucide, le bonhomme. Car finalement, malgré les nombreux bouleversements qu’ont engendré les nouvelles technologies dans le monde de la musique, le Graal ultime pour un batteur reste le même : celui de réunir des personnes dans un même lieu, de s’installer derrière son kit sur scène et de jouer avec ses tripes. Comme quoi, les choses n’ont pas tant changé en un siècle.

Sébastien Benoits