Edito
JE VOUS PARLE D’UN TEMPS...
« Je me souviens d’un show dans un stade couvert de La Nouvelle-Orléans accueillant plus de cinquante mille personnes. Trente minutes avant le concert, Quincy (Jones) m’a demandé de le suivre sur le côté de la scène. Il a pointé les gradins du doigt au loin et a dit : "Tu vois ce type là-bas ? Il en a absolument rien à foutre de ce que tu es capable de jouer sur ton charley." Quincy m’a tourné le dos et il est parti. »
Par cette anecdote, John “JR” Robinson résume ce moment où le célèbre producteur / arrangeur lui a fait prendre conscience de la puissance d’un jeu de batterie minimaliste ; principe autour duquel la carrière de JR s’est bâtie au cours des quatre décennies suivantes. Depuis la fin des années 70, ce musicien originaire de l’Iowa ayant grandi dans le monde des big bands est le seul batteur de l’histoire à avoir cumulé autant de hits placés en tête des charts sur une aussi longue période : de « Don’t Stop ‘Til You Get Enough » et « Bad » (Michael Jackson), à « Ain’t Nobody » (Rufus & Chaka Khan), en passant par « All Night Long » (Lionel Richie), « Give Me the Night » (George Benson) et « I Feel It Coming » (Daft Punk & The Weeknd)... Le point commun entre tous ces morceaux ? Un beat infaillible, une science du tempo et du placement irréprochable que même une boîte à rythmes n’oserait défier. À l’heure où la nouvelle génération de musiciens n’a jamais connu autre chose que la MAO, John Robinson nous gratifie d’une plongée dans l’ère bouillonnante des grandes sessions d’enregistrement des années 70 / 80. Une époque où le concept de « home studio » n’était encore qu’un vague fantasme et où les musiciens devaient se réunir dans de grands espaces à la pointe de la technologie pour graver ensemble, et en live, une musique consommée au format vinyle par des millions d’auditeurs. Une belle leçon d’histoire pour entamer cette année 2024. On espère que vous avez passé d’agréables fêtes !
Nos meilleurs vœux à toutes et tous !
Sébastien Benoits
Numéro 209
7,90€