Edito
On peut toujours essayer de se payer sa tête, Toto est, et restera une institution musicale, à l’égal d’autres géants de la scène pop rock, et surtout de ce côté-ci de l’Atlantique. Effectivement, cette machine à pondre des tubes intersidéraux rencontre un succès bien plus conséquent en Europe qu’en Amérique du Nord, et la France, notamment, a toujours représenté pour le groupe une véritable Terre promise. Cette réunion de virtuoses mélodistes a également suscité un nombre important de vocations chez les musiciens pratiquants ayant débuté dans les années 70/80, qui sont entrés dans l’univers de Toto comme on entre en religion, et tout particulièrement les batteurs. Combien d’entre nous ne se sont jamais remis de ce « Porcaro shuffle », extrapolation génialissime du légendaire « Purdie shuffle », grâce auquel tout un pan du rhythm’n’blues doit la vie ? Il y a eu la tragédie de Jeff, grand maître Shaolin du groove qui a failli emporter Toto avec lui dans la tombe, et puis cette renaissance insensée au milieu des années 90, avec un Simon Phillips au top de sa maturité derrière les fûts. Plus «power house» et méthodique que son prédécesseur, le Britannique a transfiguré l’histoire de ce groupe résolument à part. Et puis Keith Carlock à pris brièvement la relève, le temps de cadencer le dernier album en date, Toto XIV, une autre renaissance, mais probablement pas l’ultime. Lors de son récent concert à la Seine Musicale, le gang californien nous a prouvé qu’il en avait encore sous le pied, galvanisé par une section d’assaut rythmique absolument inouïe (le tandem Shannon Forrest et Lenny Castro), qui squatte ce mois-ci notre couverture. Vivement la suite !
La Rédac’
Numéro 156
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