Edito
En 1996, qui aurait misé un kopeck sur un petit groupe de death metal landais nommé Godzilla, rejeton mal dégrossi du Sepultura de Arise et du Symbolic de Death ? Assurément pas grand monde… Pourtant déjà, même à ce stade embryonnaire, une chose évidente crevait les enceintes : le talent et l’énergie du jeune drummer Mario Duplantier, qui, bien avant YouTube et la révolution internet, s’était taillé une réputation d’extra-terrestre sur tout le territoire gaulois. Puis, le petit monstre, après avoir fait voler en éclats la coquille de son œuf, a adopté son appellation nippone, Gojira, et a commencé son écrasante et lente ascension. Avec une conviction d’acier, et à grand renfort d’albums aussi puissants que maîtrisés, la Gojira mania a déferlé crescendo sur la scène metal : Terra Incognita, The Link, From Mars To Sirius, The Way of All Flesh, l’Enfant Sauvage, et aujourd’hui Magma, œuvre multidimensionnelle qui devrait asseoir définitivement l’envergure internationale de l’orchestre bayonnais, qui partage désormais son temps entre le sud ouest de la France et New York City, où il s’est bâti son propre QG, le Silver Cord Studio. Marche après marche, Mario n’a cessé de grandir et de déployer ses ailes, imposant un drumming à la fois brutal, créatif et hyper moderne, développant un style unique tout en dépoussiérant les fills inventés par ses aînés (Lars Ulrich, Igor Cavalera, David Silveria), pour les propulser au-delà de la stratosphère. Désormais, au fil de nos interviews, il n’est pas rare que de très grands batteurs, parfois cultes et hors du circuit metal, citent Mario comme une référence absolue, et ce statut amplement mérité devrait encore évoluer dans les années à venir, parce que croyez-nous, la créature rythmique en a encore suffisamment sous le pied pour nous terrasser. Aujourd’hui, nous sommes plus que fiers d’accorder notre 135e couverture à ce poids lourd du groove, que nous n’avons jamais cessé d’admirer et d’encourager. Bonne lecture !
Numéro 135
5,90€