Edito
Difficile d’expliquer clairement à un néophyte ce que représente le « groove », cette façon subjective d’interpréter le rythme en jouant sur les nuances et la dynamique née d’un clash entre les cultures africaines, européennes et amérindiennes, dont le berceau est probablement La Nouvelle-Orléans : son carnaval et les fanfares dans lesquels bon nombre de batteurs de jazz et de funk ont fait leurs classes. Surtout, pour nous autres français, contaminés par les codes de « l’europop » depuis l’aube des 70’s, il existe en quelque sorte un fossé culturel, voire émotionnel, qui nous empêche d’appréhender la chose de façon intrinsèque et innocente. Chez nous, on galvaude souvent ce terme, comme quelque chose de branché et d’insaisissable : « ça groove » ou « ça ne groove pas », comme si seuls les élus avaient été touchés par la grâce des dieux de la syncope et de la ghost note. De façon plus rationnelle, nous pouvons envisager que tout en musique n’est que culture, et que la façon la plus probante d’approcher le groove est d’écouter ceux qui en ont, et de s’en imprégner. Les musiciens de jazz et de funk en premier lieu, mais pas que... Steve Gadd, l’un des batteurs les plus influents de ces quarante dernières années, est un sorcier de ces petites machines rythmiques qui transforment le tempo en une onde hypnotique et mouvante (voire carrément émouvante), et ce peu importe la musique au service de laquelle il se met. L’influence de ce seigneur est incommensurable, et même ceux d’entre nous qui ne l’ont pas réellement écouté ont un peu de Gadd en eux. Nous ne sommes pas peu fiers de lui dédier notre couverture. The groove is Gadd !
La Rédac’
Numéro 157
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