Edito
Adieu, Funky Drummer !
Au moment de boucler ce numéro de mars, nous avons appris avec beaucoup de peine, le décès du grand Clyde Stubblefield. Son backbeat d’acier et sa frappe autoritaire servaient un groove puissant, presque sexuel, et faisaient de lui l’un des funkers les plus redoutables de tous les temps. Celui qui, en 1969, changea à jamais le cours de l’histoire de la musique américaine, en offrant à son patron tortionnaire James Brown le fameux « Funky Drummer » (qui donna son titre au morceau du même nom), petite cellule rythmique précise et syncopée mainte fois samplée par les DJ du hip-hop (le grandiose et révolutionnaire « Fight the Power » de Public Enemy pour n’en citer qu’un), s’est éteint le 18 février à l’âge de 73 ans. Son groove a également nourri la pop music. Jetez une oreille sur le « Freedom » de George Michael ou le « I Am Stretched On Your Grave » de Sinead O’Connor, vous nous en direz des nouvelles. Malgré son statut de créateur et de figure majeure du drumming, Clyde manquait de ressources (il ne touchait aucune royalties sur les morceaux de James Brown !) ; il ne possédait pas d’assurance maladie et souffrait de graves problèmes rénaux. C’est l’un de ses plus grands fans, Prince, qui, depuis des années, se chargeait de payer ses factures d’hôpital. Ces deux grands musiciens sont aujourd’hui réunis au royaume des ombres, désormais illuminé de leurs rayonnantes personnalités. Repose en paix, Clyde !
Numéro 143
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