Edito
Depuis que l’homme a eu l’idée de tendre une peau et de la frapper avec un bâton pour émettre un son, construire un rythme, et, plus largement, pour communiquer avec ses semblables, le groove est devenu un lien invisible, une énergie vitale qui relie nos âmes les unes aux autres. La civilisation et l’urbanisation nous ont peu à peu coupé de ces racines rythmiques, de cette onde fondamentale, qui a le pouvoir de rapprocher les gens, voire même de les transcender et de les guérir. En ces temps troublés que nous vivons, marqués par le sceau de l’individualisme et de la haine de l’autre, un peu plus de groove dans nos vies ne serait pas du luxe. Heureusement, même entre les remparts de nos Babylones modernes, nous avons encore régulièrement des occasions de nous en abreuver. Parmi ces communions rythmiques, il y a, par exemple, le concert de la Reine Sheila E. au New Morning. L’ex-muse de Prince nous a embarqués dans sa transe, épaulée par un Chris Coleman au sommet de son art. Ce soir-là, au New Morning, il y a eu de la moiteur et de la danse, et à la vue des visages épanouis et apaisés des spectateurs à la sortie du club, Sheila la prêtresse à bel et bien accompli un petit miracle. D’autres n’hésitent pas à donner dans la transformation éphémère, changeant le temps d’un dimanche pluvieux un ancien night-club pigallois en temple dédié au groove. Merci à Philipe Lalite et son équipe ultra motivée et performante, pour nous avoir permis de recevoir autant d’amour et de musique, de la part de quelques-uns des batteurs et percussionnistes les plus côtés de la planète. Une expérience que nous revivons à chaque fois avec autant de bonheur, et dont nous ne ressortons jamais indemnes. Longue vie à la Bag’Show, longue vie au groove ! La rédaction.
Numéro 107
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