Edito
LA GLOIRE DE MON PERE
Tous les médias, même les plus généralistes, en ont parlé. Le 3 septembre dernier, après avoir applaudi une flopée de batteurs mythiques (Omar Hakim, Stewart Copeland, Roger Taylor, Travis Barker, Josh Freese, Lars Ulrich...) venus faire leurs adieux à Taylor Hawkins sur la scène de Wembley, le public londonien a vu débouler un jeune adolescent au visage inconnu : « Mesdames et Messieurs, nous avons encore un batteur qui va venir jouer avec nous et laissez-moi vous dire que je ne pense pas avoir déjà vu quelqu’un frapper les fûts aussi fort que cette personne, mais au-delà de ça, c’est un membre de notre famille », a expliqué Dave Grohl à la foule. « Il doit être ici ce soir avec nous tous. Mesdames et Messieurs, veuillez accueillir M. Shane Hawkins à la batterie. » Sous les acclamations des fans, le fils du batteur des Foo Fighters, 16 ans, a envoyé l’intro de « My Hero » et son pattern de grosse caisse agile, avec une puissance et une assurance impressionnantes. Connu de tous, le fameux refrain « There goes my hero, watch him as he goes » aux paroles de circonstances a été repris en chœur par le stade, complètement électrisé par cette séquence folle devenue virale sur les réseaux sociaux. Donnant la réplique avec panache à tonton Dave Grohl, Shane dont le mimétisme avec son paternel s’est révélé troublant, a témoigné d’un professionnalisme à couper le souffle, malgré le poids de l’émotion qui, on l’imagine, devait être immense. Une magnifique façon de rendre hommage à Taylor, qui à n’en point douter, aurait été submergé par un sentiment de fierté.
Difficile de ne pas établir un lien avec le batteur qui occupe la première de couverture de ce numéro. Jay Weinberg a lui aussi hérité du talent incommensurable de son père, Max Weinberg, légendaire batteur du E-Street Band de Bruce Springsteen qu’il a remplacé sur scène à plusieurs reprises dès l’âge de 18 ans, longtemps avant de se douter qu’il intègrerait un jour, son groupe préféré, Slipknot. À 32 ans, Jay est l’un des batteurs le plus adulés de sa génération : sa technique incroyable, son showmanship et son sens aiguisé en matière de communication lui ont permis de se constituer une armée de fidèles. Un phénomène qui n’est pas sans rappeler la déferlante provoquée par un certain un Joey Jordison, vingt ans plus tôt. La boucle est bouclée.
Sébastien Benoits
Numéro 195
6,90€